22 Juillet 2018
INSTRUMENTUM LABORIS : LES JEUNES, LA FOI ET LE DISCERNEMENT VOCATIONNEL
Ière PARTiE
L’Église à l’Écoute de la réalité
Chapitre IV
Le corps, l’affectivité et la sexualité
52. Un premier point-clé concerne la corporéité dans tous ses aspects. Depuis toujours, le corps, frontière et intersection entre nature et culture, signale et protège le sens de la limite des créatures et est un don à accueillir avec joie et gratitude. Les développements de la recherche et des technologies biomédicales ont généré une conception différente du corps. Les perspectives d’intégration toujours plus poussée entre corps et machine, entre circuits neuronaux et électroniques, qui trouvent dans le cyborg leur icône, favorisent une approche technocratique de la corporéité, y compris du point de vue du contrôle des dynamismes biologiques. À cet égard on peut noter que les donneuses d’ovules et les mères porteuses sont de préférence jeunes. Au-delà des évaluations purement éthiques, ces nouveautés ne peuvent pas ne pas influencer la conception du corps et de son indisponibilité. Certains signalent la difficulté des jeunes générations à se réconcilier avec la dimension de leur propre condition de créature. Dans certains contextes, il faut signaler aussi la diffusion de l’attrait des expériences extrêmes, jusqu’au risque de sa vie, comme étant l’occasion d’une reconnaissance sociale ou de l’expérimentation d’émotions fortes. De plus, la sexualité précoce, la promiscuité sexuelle, la pornographie numérique, l’exhibition du corps en ligne et le tourisme sexuel risquent de défigurer la beauté et la profondeur de la vie affective et sexuelle.
53. Au niveau ecclésial, on perçoit l’importance du corps, de l’affectivité et de la sexualité, mais souvent on ne parvient pas à en faire le pivot du parcours éducatif et de foi, par la redécouverte et la valorisation de la signification de la différence sexuelle et des dynamiques vocationnelles propres au masculin et au féminin. Les études sociologiques montrent que beaucoup de jeunes catholiques ne suivent pas les indications de la morale sexuelle de l’Église. Aucune CE ne donne de solutions ni de recettes, mais beaucoup sont d’avis que « la question de la sexualité doit être discutée plus ouvertement et sans préjugés ». La RP souligne que les enseignements de l’Église sur des questions controversées, telles que « contraception, avortement, homosexualité, cohabitation, mariage » (RP 5) sont source de débat parmi les jeunes, tant à l’intérieur de l’Église que dans la société. Il y a des jeunes catholiques qui trouvent dans les enseignements de l’Église une source de joie et qui désirent qu’elle « tienne fermement ses positions doctrinales malgré leur impopularité et qu’elle les annonce avec une plus grande profondeur » (RP 5). Ceux qui, en revanche, ne les partagent pas expriment cependant leur désir de continuer à faire partie de l’Église et demandent une plus grande clarté à ce sujet. En conséquence, la RP demande aux responsables ecclésiaux qu’ils « abordent aussi de manière concrète les sujets sensibles tels que l’homosexualité et les questions de ‘genre’, sujets dont nous parlons déjà entre nous, librement et sans tabou » (RP 11).