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UNE MINUTE... POUR REFLECHIR....

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Béatification de Pier Giorgio Frassati : homélie de Jean-Paul II (20 mai 1990)

 

 

Jean-Paul II à Rome le 20 mai 1990, homélie de béatification

 

« Toute plongée dans le mystère de Dieu et toute dédiée au service constant du prochain; ainsi peut être résumée sa journée terrestre! » Voilà la synthèse de la vie de Pier Giorgio Frassati telle que l’a définie Jean-Paul II au cours de l’homélie prononcée pendant la Messe du dimanche 20 mai sur le parvis de Saint-Pierre pour la béatification du jeune laïc turinois, exemple de pré­sence dynamique et responsable des chrétiens dans la vie religieuse et sociale. Devant le Président de la République italienne, M. Francesco Cossiga, la délégation gouvernementale sous la conduite du président du Conseil de nombreuses personnalités ecclésiastiques et civiles provenant également de Pologne, terre où Pier Giorgio Frassati est très connu et aimé, Jean-Paul II a élevé ce jeune à la gloire des autels.

 

 

Voici une traduction de l’homélie prononcée par le Pape :

 

« Je prierai le Père et il vous donnera un autre Consolateur..» L’Esprit de Vérité » (Jn 14, 15).

 

Pendant le temps pascal, à mesu­re que nous nous approchons de la Pentecôte, ces paroles deviennent toujours plus actuelles.

Elles ont été prononcées dans le Cénacle par Jésus, la veille de la Passion, alors qu’il prenait congé des Apôtres. Son départ – le départ du Maître tant aimé à travers la mort et la résurrection – ouvre la voie à un autre Consolateur (Jn 16, 7). Le Paraclet viendra : il viendra, précisément  grâce   au  départ rédempteur du Christ, qui rend pos­sible et qui inaugure la nouvelle présence miséricordieuse de Dieu parmi les hommes.

L’Esprit de Vérité, que le monde ne voit pas et ne connaît pas, se fait, en revanche, connaître des Apôtres, « parce qu’il demeurera près d’eux et agira en eux » (cf. Jn 14, 17). Et de cela, le jour de la Pentecôte, tous deviendront témoins.

La Pentecôte, cependant, est seulement le début, car l’Esprit de Vérité vient pour demeurer avec l’Eglise « à jamais » (cf. Jn 14, 16)dans le renouvellement incessant des générations futures. Alors ce n’est pas seulement aux hommes de sou temps, mais à nous tous et à nos contemporains que s’adressent les-, paroles de l’apôtre Pierre ;

« Sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15).

A notre siècle, Pier Giorgio Frassati, qu’au nom de l’Eglise j’ai la joie de proclamer aujourd’hui Bien heureux, a incarné dans sa vie ces paroles de Saint Pierre. La puissance de l’Esprit de Vérité, uni au Christ, a fait de lui un témoin moderne de l’espérance, qui jaillit de l’Évangile, et de la grâce du salut qui agit dans le cœur de l’homme.

Il est ainsi devenu le témoin vivant et le défenseur courageux de cette espérance au nom des jeunes chrétiens du vingtième siècle.

La foi et la charité, véritables forces motrices de son existence, le rendirent actif dans le milieu dans lequel il vécut, en famille et à l’école, à l’université et dans la société; elles le transformèrent en apôtre du Christ joyeux et enthou­siaste, en disciple passionné de son message et de sa charité.

Le secret de son zèle apostolique et de sa sainteté, doit être recherché dans l’itinéraire ascétique et spirituel qu’il a parcouru; dans la prière, dans l’adoration persévérante, même la nuit, du Saint Sacrement, dans sa soif de la parole de Dieu, scrutée dans les textes bibliques; dans l’acceptation sereine des difficultés de la vie, notamment familiale, dans la chasteté vécue comme une discipline librement choisie en toute sérénité, et sans compromis; dans la prédilection quotidienne pour le silence et la « normalité » de l’existence.

Ce sont précisément ces facteurs qui nous permettent de découvrir la source profonde de sa vitalité spirituelle.

En effet, c’est à travers l’Eucharistie que le Christ communique son Esprit ; c’est à travers l’écoute de Sa parole que grandit la disponibilité à accueillir les autres, et c’est aussi à travers l’abandon orant à la volonté de Dieu que mûrissent les grandes décisions de la vie. Ce n’est qu’en adorant Dieu présent dans son cœur que le baptisé peut répondre à ceux qui « demandent raison de l’espérance » qui est en lui (cf. î P 3, 15). Et le jeune Frassati le sait, l’expérimente, le vit. Dans son existence la foi se confond avec la charité : solide dans la foi et pratiquant une charité effective, car la foi sans les œuvres est stérile (cf. Je 2, 20).

 

Certes, au premier abord le style de vie de Pier Giorgio Frassati, un jeune homme moderne, plein de vie, ne présente pas grand-chose d’extraordinaire Mais c’est précisément cela qui fait l’originalité de sa ver­tu, qui invite à réfléchir et qui pousse à l’imitation.

En lui, la foi et les événements quotidiens se fondent harmonieuse ment, si bien que l’adhésion à l’Evangile se traduit en attention amoureuse envers les pauvres et les nécessiteux, en un crescendo continu jusqu’aux derniers jours de la maladie qui le conduira à la mort. Le goût du beau et de l’art, la passion pour le sport et pour la montagne, l’attention accordée aux pro­blèmes de la société n’empêchent pas son rapport constant avec l’Absolu.

Sa journée terrestre peut être définie ainsi : toute plongée dans le mystère de Dieu et toute dédiée au service constant du prochain.

 

Sa vocation de laïc chrétien se réalisait à travers ses multiples engagements associatifs et politiques, dans une société en pleine fermentation, indifférente, voire hostile à l’Eglise. Dans cet esprit, Pier Giorgio sut donner une impulsion aux différents mouvements catholiques auxquels il adhéra avec enthousiasme, mais surtout à l’Action Catholique, ainsi qu’à la FUCI, au sein de laquelle il trouva un véritable terrain d’entraînement à la formation chrétienne et des secteurs propices pour son apostolat. Dans l’Action Catholique, il vécut sa vocation chrétienne avec joie et fierté et s’en gagea à aimer Jésus et à apercevoir en lui les frères qu’il rencontrait sur son chemin ou qu’il cherchait sur les lieux de la souffrance, de la marginalité et de l’abandon, pour leur faire sentir la chaleur de sa solidarité humaine et le réconfort surnaturel de la foi dans le Christ.

Il mourut jeune, au terme d’une existence brève, mais extraordinaire ment riche en fruits spirituels, s’acheminant vers « la vraie patrie pour chanter les louanges de Dieu ».

 

La célébration d’aujourd’hui nous invite tous à accueillir le message que Pier Giorgio Frassati transmet aux hommes de notre temps, surtout à vous, jeunes, désireux d’offrir une contribution concrète et renouveau spirituel à notre monde, qui semble parfois se diviser et languir à cause d’un manque d’idéaux.

II proclame, par son exemple, qu’elle est « bienheureuse » la vie conduite dans l’Esprit du Christ, l’Esprit des Béatitudes, et que seul celui qui devient « homme des Béatitudes » réussit à communiquer à ses frères l’amour et la paix. Il répète qu’il vaut vraiment la peine de tout sacrifier pour servir le Sei­gneur. Il témoigne que la sainteté est possible pour tous et que seule la révolution de la Charité peut allumer dans le cœur des hommes l’espérance d’un futur meilleur.

Oui, « merveilleuses sont les œuvres du Seigneur… Acclamez Dieu, toute la terre » (Ps 66, 1-3).

 

Les versets du Psaume, qui résonnent dans la liturgie de ce dimanche, sont comme un écho vivant de l’âme du jeune Frassati. On sait, en effet, combien il a aimé le monde créé par Dieu !

« Venez, voyez les œuvres de Dieu » (Ps 65-66, 5): cela aussi est une invitation adressée par sa jeune âme, aux jeunes en particulier.

« Admirables ses œuvres pour les hommes » (Ibid.).

Admirables ses œuvres pour les hommes ! Il faut que les yeux des hommes — les yeux des jeunes, les yeux sensibles — sachent admirer les œuvres de Dieu, dans le monde extérieur et visible. Il faut que les yeux de l’âme sachent se détourner de ce monde   extérieur et visible vers le monde intérieur et invisible : qu’ils puissent ainsi dévoiler à l’homme ces régions de l’esprit dans lesquels se reflète la lumière du Verbe qui illumine tout homme (cf. Jn 1, 9).

 

Dans cette lumière agit l’Esprit de Vérité.

Voici l’homme « intérieur » ! C’est ainsi que nous apparaît Pier Giorgio Frassati. En effet, toute sa vie semble résumer les paroles du Christ que nous trouvons dans l’Evangile de Jean : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14, 25)».

 

Il est l’homme « intérieur » aimé du Père, car il a beaucoup aimé ! Il est aussi l’homme de notre siècle, l’homme moderne, l’homme qui a tant aimé !

L’amour n’est-il pas la chose la plus nécessaire à notre vingtième siècle, à son début comme à sa fin ? N’est-il peut-être pas vrai que la seule chose qui reste, sans jamais perdre de sa valeur, c’est le fait qu’il a aimé» ?

Il s’en est allé jeune de ce monde, mais il a laissé un signe dans le siècle tout entier, et non pas seulement en ce siècle.

 

Il s’en est allé de ce monde mais, dans la puissance pascale de son Baptême, il peut redire à tous, en particulier aux jeunes générations d’aujourd’hui et de demain : ‘Vous verrez que je vis — et vous aussi vous vivrez !‘ (Jn 14, 19).

 

Ces paroles furent prononcées par Jésus-Christ, alors qu’il prenait congé des Apôtres, avant d’affronter la Passion. Je suis heureux de les recueillir de la bouche même du nouveau Bienheureux, comme une invitation persuasive à vivre du Christ, dans le Christ. Et c‘est une invitation qui est toujours valable, valable aussi aujourd’hui, surtout pour les jeunes d’aujourd’hui. Valable pour nous tous. Une invitation valable que nous a laissée Pier Giorgio Frassati.

Amen.

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