Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
UNE MINUTE... POUR REFLECHIR....

ARTICLES SUR LA BIBLE, LA LITURGIE, LA VIE DE L'EGLISE ET BIEN D'AUTRES CHOSE ENCORE.... http://amzn.to/2AlTFG

DECOUVIR L'APÔTRE SAINT PAUL A TRAVERS SES EPITRES

DECOUVRIR LES EPITRES DE SAINT PAUL

 

« Pour moi, vivre c’est le Christ » (Philippiens 1, 21)

 

 

L’Epître aux Galates : « Dieu m’a révélé son Fils » (Gamates1, 11-24)

 

 

Un évangile et un apôtre contesté

 

L’épître aux Galates est la plus vive et la plus intense des lettres de Paul. Le ton polémique s’explique par les campagnes de diffamation et de dénigrement qu’il essuie de la part de missionnaires judéo-chrétiens qui estiment devoir refaire l’évangélisation des communautés pauliniennes pour les mettre dans le droit chemin. Ils refont la mission sur ses talons. Paul est à peine arrivé à Ephèse après avoir visité pour la seconde fois les églises de Galatie (région actuelle d’Ankara), qu’il apprend les menées subversives des « faux frères ». On veut leur imposer les pratiques du judaïsme sous prétexte d’en faire de vrais fils d’Abraham. Quant à Paul, il n’aurait aucune autorité personnelle pour annoncer l’Evangile qu’il annonce, tel qu’il l’annonce ; sans la loi, sans la circoncision. N’est-il pas un missionnaire de second ordre, qui devrait se montrer soumis aux autorités de Jérusalem ? Or il se permet d’annoncer un évangile au rabais, d’inspiration purement humaine. C’est pour couper court à ces accusations que Paul réagit en faisant état de ce qui lui est arrivé sur le chemin de Damas : Dieu lui a révélé son Fils pour qu’il l’annonce parmi les Nations. C’est de cette révélation fulgurante du Fils qu’il tient son autorité apostolique, sans rien de voir à personne, et la compréhension de l’Evangile comme bénédiction offerte à tout homme, indépendamment de la soumission à la Loi, par la seule foi au Christ.

 

 

Paul se défend en se racontant

 

Pour le montrer, il évoque le changement radical survenu dans son itinéraire de Juif ardent à défendre la religion de Pères. S’il est devenu apôtre du Christ, il ne peut l’attribuer qu’à l’initiative absolument gratuite de Dieu. Il va donc rappeler ce qu’était son engagement dans le judaïsme avant le chemin de Damas, engagement violemment opposé au mouvement chrétien. Il dira en une phrase seulement (et une phrase subordonnée circonstancielle de temps ; « Quand il a plu à Dieu de me révéler son Fils… ») le retournement opéré en lui par la grâce de Dieu.

Puis il déroulera sous les yeux du lecteur ce qui a suivi ce moment décisif :

  1. son premier engagement apostolique en « Arabie », immédiatement, avant tout contact avec quelque autorité chrétienne que ce soit ;
  2. sa première montée à Jérusalem seulement trois ans après, pour les premiers contacts avec ceux qui étaient apôtres avant lui (Pierre et Jacques) ;
  3. enfin son départ en Syrie et en Cilicie (Antioche et Tarse), ce qui le tenait éloigné physiquement des Eglises de Judée, mais non de leur estime et de la louange qu’elles adressaient à Dieu pour sa conversion. Cette séquence démontre son indépendance humaine et sa dépendance de Dieu seul pour ce qui relève de son annonce de l’Evangile.

On le voit : l’avant et l’après tiennent plus de place dans le récit de Paul que l’instant même de la conversion. C’est d’eux qu’il tient son relief. Mais dans sa brièveté il est d’un poids théologique considérable, que nous devons examiner à la lumière des allusions qu’il recèle.

 

 

 

Lettre de saint Paul aux Philippiens « J’ai tout perdu pour gagner Christ » (Ph 3, 1-16)  : La nouveauté chrétienne

 

 

Quand ça chauffe…

 

Paul a fondé une Eglise à Philippes en Macédoine au cours du deuxième voyage missionnaire qui l’a conduit jusqu’à Corinthe. Philippes est une colonie romaine, peuplée de vétérans de l’armée. Il y avait aussi une communauté juive, peu nombreuse ; Paul y rencontre des femmes, hors synagogue, rassemblées pour la prière au bord d’un cours d’eau. Il a été invité chez Lydie, une « adoratrice de Dieu », c’est-à-dire une prosélyte, marchande de pourpre, qui s’est convertie avec toute sa maison (Ac 16, 11-15). Des non-juifs ont été gagnés à l’Evangile. A Philippes, Paul a subi des outrages (1 Th 2,2), d’après les Actes (16, 16-40) il y a connu une nuit de prison. Mais la communauté s’y est développée et a soutenu, même financièrement, la mission paulinienne ; que Paul en ait accepté de l’argent était une marque de grande confiance mutuelle il lui a été d’autant plus pénible d’apprendre, pendant son séjour à Ephèse (53-56), que même à Philippes des menées judaïsantes tentaient de détacher la communauté de son fondateur. Heureusement les leins entre elle et l’apôtre étaient si forts, que cela fut peine perdue. Il en reste cependant une page de l’apôtre aux Philippiens qui prend vivement à parti les « faux ouvriers », traités de « chiens » (c’est l’injure traditionnelle des juifs envers les païens, mais elle est lancée ici contre les judéo-chrétiens : cela en dit long sur les tensions entre groupes chrétiens des origines…) ; ils sont dits partisans de « la mutilation », terme injurieux pour parler de la circoncision. Nous mesurons à de pareils accents que Paul n’était pas toujours « un petit saint », doux, jamais violent, et surtout que l’enjeu de pareils conflits, le maintien de l’Evangile « sans la Loi », ouvert aux Nations, »tait un enjeu extrêmement chaud.

 

 

L’identité chrétienne

 

La question est abordée ici, non plus sous l’angle de l’autorité apostolique de Paul comme en Galates, mais sous l’angle de la vie dans « la justice », c’est-à-dire de ce que est fondamental pour tout croyant : qu’est-ce qui l’ajuste à la volonté de Dieu. Paul pose la question : qui sont les véritables circoncis ?

En transposant dans un  langage moderne, on dirait : « qu’est-ce qu’un  juste ? », qui ’est-juste ? »

Ceux dont le signe d’appartenance à Dieu est inscrit dans la chair ? Non, mais ceux dont l’existence humaine est modelée par l’Esprit de Dieu ; nous les croyants de Jésus-Christ. C’est pour illustrer ce qu’on pourrait appeler « la nouvelle frontière de la justice » que Paul en appelle à son itinéraire spirituel. Il y est passé, lui, le Pharisien irréprochable, d’un type de « justice » recherchée dans la pratique de la Loi, à une justice qui consiste à entrer en communion avec le Christ pascal. Dans cette mise au point, au-delà de la polémique, nous avons à recevoir une très profonde définition de l’identité chrétienne

 

 

 

Première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens : La naissance d’une église à Thessalonique

 

 

Une fondation éclair

 

Paul avait entrepris un voyage apostolique à partir d’Antioche de Syrie, voyage au cours duquel il avait traversé le centre et l’ouest de la Turquie actuelle, puis était passé en Macédoine et en Grèce ; au terme il devait séjourner un an et demi à Corinthe en 50-51. Il n’avait pas entrepris ce voyage seul, mais avec deux compagnons, (Sylvain (ou Silas) et Timothée (qu’il s’était associé en cours de route). C’est au cours de ce voyage que les trois missionnaires ont fondé une Eglise dans le grand port de Thessalonique en Macédoine (actuellement Salonique). La grande majorité de ces nouveaux croyants étaient des non-juifs. Paul n’avait pas pu rester avec eux aussi longtemps qu’il aurait été nécessaire pour affermir et compléter leur première formation. Il avait même dû déguerpir rapidement pour échapper à des embûches suscitées par des juifs hostiles à la foi qu’il prêchait. Il avait cherché plusieurs fois à revenir chez eux, mais en vain.

 

 

Une lettre d’action de grâces

 

Arrivé à Athènes, n’y tenant plus, inquiet de les savoir en butte à des tracasseries et des persécutions capables d’ébranler leur foi, il avait renvoyé Timothée en arrière prendre de leurs nouvelles et les encourager à tenir bon. Lorsque Timothée revient, il retrouve Paul à Corinthe et lui apporte de « bonnes nouvelles » : la confirmation que l’Evangile annoncé à Thessalonique a bel et bien pris en plein milieu païen. Paul avec ses deux compagnons est tout réconforté, comme « évangélisé » (3, 6) par ceux qu’ils avaient évangélisés. C’est alors que « Paul, Sylvain et Timothée » envoient à Thessalonique une lettre où explose l’action de grâce à Dieu pendant trois chapitres, tandis que les eux derniers chapitres répondent à des questions de foi et de vie chrétiennes.

 

 

Le premier récit du Nouveau Testament

La Première Epître aux Thessaloniciens se trouve être le premier écrit chrétien du Nouveau Testament (bien avant la rédaction finale des Evangiles). Elle date de 50/51. D’où son grand intérêt pour la connaissance de la foi chrétienne.

Il faut lire l’adresse de la lettre et le premier moment d’action de grâces, qui se présente comme une relecture de ce que les apôtres ont vécu quand ils ont fait leur entrée à Thessalonique pour y annoncer l’Evangile. Dans cette relecture, alternent le « vous » et le « nous » : comme vous avez reçu l’Evangile et comment nous nous sommes comportés parmi vous. Il ne s’agit ni d flatterie, ni d’auto-glorification, mais de relecture de l’œuvre de Dieu à travers l’action et le comportement des uns et des autres. Et cette relecture est un encouragement et une indication pour le chemin à poursuivre maintenant.

 

 

 

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens : Le message de la Croix

 

 

Que se passait-il donc ?

 

Paul séjournait à Ephèse dans les années 53-56. Il y avait ouvert un nouveau champ apostolique. Mais en même temps il restait en contact par lettres, ou par visites avec les Eglises qu’il avait fondées pendant le voyage missionnaire précédent ; en particulier il avait beaucoup d’échanges avec l’Eglise de Corinthe, fondée en 50-51. Les deux lettres aux Corinthiens sont le recueil de cette correspondance. Au début de la Première, Paul fait état de nouvelles reçues d’une commerçante dame Chloé), qui navigue entre Corinthe et Ephèse. On lui apprend que dans l’Eglise de Corinthe on s’entredéchire entre partisans de tel ou tel prédicateur de l’Evangile. Les uns se déclarent pour Paul, les autres pour Képhas (= Pierre), d’autres encore pour un certain Apollos, et peut-être un quatrième courant qui se dit « du Christ » (pas moins ! cf. 2 Co 10, 7).

 

 

Un discours à l’emporte pièce !

 

Quelle mouche l’a piqué, l’apôtre Paul ? Il dit son indignation devant ce culte de la personnalité, incompatible avec le sens authentique de l’Evangile. Qui donc pourrait exhiber son importance devant Jésus crucifié, qui est le cœur de l’Evangile ? Dans les coteries corinthiennes, il y allait du sens de l’Evangile. Alors Paul est capable de monter au plus haut niveau de l’éloquence pour réduire à néant l’éloquence. L’Evangile n’est pas matière à discours. Il est l’annonce provocante d’un évènement, que rien ni personne ne pouvait imaginer ni déduire. Il sort tout droit de cette Sagesse de Dieu qui prend à revers les sages de ce monde, mais qui atteint les petits, les humbles, les croyants et les sauve. L’apôtre affiche Jésus crucifié comme l’expression inimaginable de l’amour de Dieu pour l’homme.

 

 

Attention au contresens

 

Quand on entend dire que, pour saint Paul, l’Evangile, c’est la croix du Christ et rien d’autre, on risque de commettre quelques sérieux contresens. On suppose un peu trop vite que Paul exalterait la souffrance et la mort pour elles-mêmes, pour faire un bel exemple de générosité, ou pire, parce qu’il faudrait à tout prix du sang et des larmes pour obtenir le pardon de Dieu. Rien de tel dans le discours de Paul. Il réagit contre une réduction de l’Evangile à une belle doctrine de sagesse, qui pourrait être l’objet de savants discours, tous plus intelligents les uns que les autres. Non, l’Evangile n’est pas une théorie religieuse, il et l’annonce d’un évènement inouï, où se dévoile « le mystère de Dieu », le mystère de l’amour fou de Dieu. Dans le Christ crucifié, il est venu rejoindre l’homme au plus bas de l’échelle sociale, il est venu donner de l’importance aux « moins que rien », non pas pour les laisser dans quelque infériorité ou déchéance, mais au contraire pour les faire exister en Christ Jésus, participants de sa vie filiale et fraternelle. L’image de Dieu en est radicalement bouleversée, la sagesse humaine aussi.

 

 

Déroulement du discours

 

Voici comment se déroule la mise au point de Paul :

Il commence par évoquer la situation de compétition entre groupes corinthiens ; la lettre lue à haute voix dans la communauté réunie, ils s’entendent eux-mêmes dire : « Moi j’appartiens à Paul », et « moi à Kêphas », « et moi à Apollos, …». Après avoir montré l’inanité de ce tintamarre, du seul fait qu’aucune personnalité humaine ne peut revendiquer d’être à la place de Jésus-Christ, Paul affronte de face la déformation de l’Evangile qui est à la base de tels comportements : on prend l’Evangile pour un discours de sagesse, om chacun peut trouver son compte et se faire valoir des autres. Or l’Evangile est tout sauf sage. Ceux qui ne sont pas touchés par l’appel de Dieu n’y voient que niaiserie et insignifiance. Car il est l’annonce d’un crucifié. Paul va donc mettre le doigt sur ce paradoxe d’une révélation de la sagesse de Dieu et de sa puissance de salut :

  1. d’abord dans l’évènement de la Croix lui-même
  2. ensuite dans la naissance d’une Eglise à Corinthe

Dans les deux cas, Dieu s’y est pris par les moyens fous et les moyens faibles, et c’est pourtant ce qui a réussi.

Conclusion : Paul pouvait-il s’y prendre autrement pour annoncer l’Evangile ?

 

 

 

Première lettre de saint Paul aux Corinthiens : Les dons de l’Esprit

 

La ferveur de l’Esprit

 

Les origines de l’Eglise ont été marquées par la ferveur de l’Esprit selon la promesse de Dieu : « Aux premiers temps, dit Dieu, je répandrai mon Esprit sur tous : vos fils et vos filles prophétiseront… Oui, sur mes serviteurs, hommes et femmes, en ces jours-là je répandrai mon Esprit » (Ac 2, 17-18 ; Joël 3, 1-5). Pierre l’avait constaté à Jérusalem pour la Pentecôte. Paul en est témoin dans les jeunes Eglises des Nations : « N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez les messages des prophètes, discernez-tout» (1th 5, 19). A Corinthe, les interventions des prophètes sont tellement fréquentent qu’il leur arrive de se couper de la parole dans les assemblées ; quant aux glossolales, ils prient dans une langue qui leur échappe et qui passe pour être celle des anges devant le trône de Dieu. Ces pratiques étaient ambiguës. D’un côté, elles correspondaient à la nouveauté des « derniers temps » marqués par l’effusion de l’Esprit. D’un autre côté elles faisaient penser à l’enthousiasme religieux du mode gre, à l’intérêt porté aux phénomènes de « possession » divine, dans la divination ou la glossolalie. Il arrivait que dans les assemblées les convertis récents du paganisme se comportent comme lorsqu’ils étaient « entraînés hors d’eux-mêmes vers des idoles muettes » (1 Co 12, 2).

 

 

L’appel au discernement

 

C’est à propos de ces manifestations spirituelles que Paul – sans doute interrogé par ses correspondants – fait une longue mise au point (1 Co 12-14). Il reprend le vocabulaire des Corinthiens, mais y substitue le sien (charismes, dons, 12, 4). Les Corinthiens parlaient « d’expériences spirituelles » (pneumatika, 12, 1) qui pouvaient les gonfler de suffisance et les faire remarquer par leur aspect spectaculaire. Paul réagit en parlant de « charismes », de « dons de grâce », pour mettre l’accent sur le libre don de l’Esprit, dans une infinie diversité, en vue du bien de tous. « Les (deux) manifestations spirituelle » tant prisées par les Corinthiens (prophéties ou glossolalie) ne sont pas les seuls de l’Esprit, il y en a bien d’autres…

 

Paul traite le sujet de la manière suivante :

12, 1-3 : Introduction du sujet (exorde)

12, 4-11 : Evocation de la diversité des dons de l’Esprit (récit)

12, 12-31 : Eclairage par la comparaison avec le corps humain

                 l’Eglise est comme un corps, elle est corps du Christ

13, 1-13 : Digression qui permet de prendre de la hauteur par  rapport au sujet immédiat : l'amour est le don par excellence,           sans lequel tous les autres ne valent rien.

14, 1-40 : Retour au sujet pour résoudre la mise en œuvre de ces              fameuses « pratiques spirituelles » : prières en langues              (glossolalie) et prophétie.

Trois mots sont donc avancés qui déplacent la question initiale : don, corps, amour (agapè). Les dons de l’Esprit contribuent à former l’Eglise comme corps du Christ dans l’amour. C’est à cette aune qu’il faut tout évaluer, à commencer par la prophétie et la glossolalie.

 

 

 

Lettre de saint Paul aux Philippiens : Hymne au Christ abaissé et glorifié.

 

 

Un appel vibrant à l’unité par le chemin de l’unité

L’épître aux Philippiens est à la fois une lettre d’amitié et une lettre d’exhortation et de réconfort. Paul est prisonnier à Ephèse, en prison préventive, sans doute parce que le mouvement chrétien, qui se développe dans la cité et au-delà, peut paraître subversif de l’ordre de la cité. Paul peut cependant recevoir des visiteurs et même dicter des lettres. Comme il a reçu de l’argent de la part des Philippiens, il envoie une lettre de remerciement (4, 10-20). Par les allées et venues de chrétiens entre Philippes et Ephèse, il est tenu au courant de la vie de cette communauté ecclésiale des Philippiens, qui lui est particulièrement chère. Il donne de ses nouvelles, et il en reçoit. Il fait part de ses angoisses et se son espérance. Sera-t-il condamné, sera-t-il libéré ? Peu importe, pourvu que le Chrit soit glorifié ; mais il espère bien être acquitté et être rendu à ses amis et à sa tâche apostolique (1, 12-26).

 

Quant aux nouvelles de Philippes, elles sont bonnes dans l’ensemble. Il ya cependant deux points qui préoccupent l’apôtre : les pressions extérieures et quelques rivalités internes. Pressions extérieures (1, 27-30) de la part des opposants à la foi chrétienne ; Philippes est une colonie romaine, où il importe de faire allégeance à l’empereur, mais les croyants ne peuvent se rallier au culte impérial. Cela leur vaut des avanies ; ils doivent « combattre » pour se maintenir fidèles à l’Evangile ; qu’ils ne se laissent pas laisser intimider (1, 28), mais considèrent comme une grâce non seulement de croire au Christ, mais de souffrir pour lui (1, 29-30). Rivalités internes ; deux chrétiennes, très engagées dans l’annonce de l’Evangile (4, 2-3) sont invitées à s’accorder plutôt qu’à créer des pôles d’influence concurrents.

 

Ce constat nous mène tout droit à u  thème majeur de la correspondance de Paul avec les Philippiens : ils ne pourront résister aux pressions extérieures que s’ils vivent dans l’unité à l’intérieur (1, 27-30). Or l’unité n’est pas possible sans humilité, disposition à laquelle le milieu romain est particulièrement allergique. C’est donc pour soutenir cette exhortation à l’humilité, condition indispensable de la communion et de l’unité, que Paul va dresser devant eux « l’exemple » du Christ.

 

 

L’exemple du Christ

 

L’hymne au Christ qui s’est abaissé jusqu’à la mort de la croix et que Dieu a glorifié (Philippiens 2, 6-11) est l’un des passages les plus célèbres et les plus beaux de tout le Nouveau Testament. Il pourrait être un chant des premières communautés chrétiennes que Paul aurait repris et adapté à son propos dans sa lettre aux Philippiens. Il l’aurait seulement marqué de sa griffe personnelle, en ajoutant à « obéissant jusqu’à la mort » ; « « oui, ma mort de la croix ». Cela est assez vraisemblable, mais reste discuté. L’essentiel est qu’il ait été pris en compte par Paul dans sa lettre aux Philippiens, comme exprimant sa propre pensée. De cet abaissement volontaire du Christ, il a voulu faire un « exemple » pour la communauté chrétienne de Philippes. C’est pourquoi il faut lire cet hymne en étroite articulation avec l’exhortation à l’unité et à l’humilité qui le précède et qui l’introduit : « ayez en vous les dispositions intérieures qui furent celles de Jésus-Christ » (2, 5). Lui qui, étant de condition divine, etc… (2, 6-11).

 

 

 

 

 

I – Abaissement (6-8)

  1. Le Christ de condition divine, s’est fait esclave (6-7)

négativement : renoncement à être traité à égalité avec Dieu (6, 7) :

positivement : il « s’est vidé » lui-même en assumant la condition d’esclave (7ab)

B – Il s’est fait obéissant : progression dans l’abaissement :

vie humaine semblable à celle de tout humain (7bc)

assimilation jusqu’à l’extrême « il s’est abaissé » lui-même juqu’à la mort, et la mort sur une croix.

 

II – Elévation (9-11)

  1. Exaltation (9a)
  2. Don du Nom (9b)
  3. A’  Adoration par toute la création (10)
  4. B’ Proclamation du Nom (11)

 

 

Lettre de saint Paul aux Romains : Le baptême comme communion au Christ Pascal

 

 

Qu’est-ce qui amène Paul à parler du baptême

 

Dans l’Epître aux Romains, Paul est amené à parler du Baptême. C’est un très beau texte, mais qui peut déconcerter. Il va nous dire que l’on est baptisé dans la mort du Christ, que le baptisé meurt au péché. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire pour les bébés qui jusqu’à présent n’ont commis aucun péché ? Et même pour nous : qu’est-ce que ce baptême dans la mort ? Le baptême n’est-il pas une nouvelle naissance ? Oui, bien sûr. Mais faisons attention au point de vue de Paul. Il a dans l’esprit le baptême des croyants adultes. Il en parle avec l’air de répondre à une objection. Il met en scène certains chrétiens qui l’accusent de laxisme moral. Ils lui disent à peu près ceci : « Paul, avec ta doctrine de la grâce de Dieu qui pardonne tout, sur la seule base de la foi en Jésus, malgré le mal que nous avons fait, tu encourages les gens à rester dans le péché ; tu es allé jusqu’à dire : là où le péché a surabondé, la grâce a surabondé (Rm 5, 20). Cette insistance sur la grâce de Dieu, n’est-elle pas une prime au péché ? Alors péchons, si notre péché donne l’occasion à la grâce de Dieu de se manifester toujours plus ». L’objection, vous le sentez, ne tient pas debout. Mais Paul la formule exprès pour pouvoir mieux l’enfoncer et il va la réfuter à partir de ce qui se passe dans le baptême.

 

 

 

Que se passe-t-il donc dans le baptême ?

 

Qu’est- qui s’y passe ? Les baptisés entrent en communion de destin avec le Christ. Ils sont baptisés dans sa mort afin de communier à sa vie et à sa résurrection. Et Paul va expliquer ce que veut dire : « être baptisé dans la mort du Christ ». Cela veut dire qu’avec lui on meurt au péché une fois pour toutes ; il ne sera donc plus pensable de continuer à vivre comme si l’on était asservi au Péché. Désormais les baptisés sont libres de vivre pour Dieu. Ils sont encore de ce monde, ils ont pourtant changé d’univers.

 

 

Qu’est-ce donc que ce Péché dont parle Paul ?

 

Pour bien comprendre ce que dit Paul quand il parle de « mourir au péché », il faut saisir ce qu’il met sous le mot « Péché ». Il faut l’écrire avec un P majuscule. Ce n’est pas un acte particulier de désobéissance à Dieu, tel ou tel manquement volontaire à un commandement divin. Evidemment les enfants qui viennent de naître n’ont commis aucun péché. Là n’est pas le problème. Il s’agit de cette puissance du mal qui nous environne, qui nous précède, qui est toujours déjà-là, dès notre venue au monde ; nous pouvons en être victimes, mais aussi complices. En somme, c’est « le Péché du monde ». Dans le baptême, c’est à cette puissance maléfique que nous échappons, que nous mourons, les adultes, bien sûr, mais aussi les enfants. Nous lui échappons définitivement. Le Christ, le premier, y a échappé sur la Croix. Par cette manière-même de mourir, il a dit le Non le plus radical qui ait jamais été dit à cette puissance tyrannique. Il est mort-au-Péché une fois pour toutes, et nous avec lui. Mais cela n’est évidemment que la face négative du baptême. La face positive consiste à inaugurer une vie nouvelle.

 

               

 

Une communion de destin avec le Christ de Pâques

 

Il nous faut donc lire ce texte de Paul sur le baptême avec toute sa richesse mystique. Ne nous laissons pas arrêter par ce qui peut nous choquer au premier abord. Le point de départ du discours de Paul qui se bat avec des moralistes apeurés par le message de la grâce n’est qu’un tremplin vers un exposé fervent de la communion avec le Christ inaugurée par le baptême. Pour Paul le baptême est bien plus qu’une purification des péchés passés, bien plus même que l’effacement de la « faute originelle » comme le dit notre vieux catéchisme. Dans le baptême, une aventure extraordinaire commence : le baptisé entre dans une communion de destin avec le Christ : pas seulement « comme » lui, mais « avec lui ». C’est d’abord cela qui intéresse Paul dans le baptême. Le baptisé est engagé dans un « mourir-avec », un « vivre-avec », qui lui fait traverser tout le drame de la vie du Christ. La Pâque du Christ devient sa Pâque. Nous allons trouver dans ce passage de Rm 6 plusieurs des fameux verbes en  - avec –du langage du Paul, pour dire cette communion avec le Christ pascal.

 

                           

 

Une communion de destin avec le Christ de Pâques

 

Il nous faut donc lire ce texte de Paul sur le baptême avec toute sa richesse mystique. Ne nous laissons pas arrêter par ce qui peut nous choquer au premier abord. Le point de départ du discours de Paul qui se bat avec des moralistes apeurés par le message de la grâce n’est qu’un tremplin vers un exposé fervent de la communion avec le Christ inaugurée par le baptême. Pour Paul le baptême est bien plus qu’une purification des péchés passés, bien plus même que l’effacement de la « faute originelle » comme le dit notre vieux catéchisme. Dans le baptême, une aventure extraordinaire commence : le baptisé entre dans une communion de destin avec le Christ : pas seulement « comme » lui, mais « avec lui ». C’est d’abord cela qui intéresse Paul dans le baptême. Le baptisé est engagé dans un « mourir-avec », un « vivre-avec », qui lui fait traverser tout le drame de la vie du Christ. La Pâque du Christ devient sa Pâque. Nous allons trouver dans ce passage de Rm 6 plusieurs des fameux verbes en  - avec –du langage du Paul, pour dire cette communion avec le Christ pascal.

 

                           

En voici le schéma, qui est la trame du Credo, mais en tissant la communion du Christ et des croyants :

Il a souffert « nous souffrons avec (lui) » (Rm 8, 17)

Il a été crucifié : « notre vieil homme a été crucifié avec lui » (Rm                                   6,6)

                                      « J’ai été et je demeure crucifié-avec Christ » (Ga 2, 20)

Il est mort : « nous sommes-mort avec Christ » (Rm 6,8)

                            « nous sommes devenus conformes et solidaires de sa mort » (Rm 6,5)

Il a été enseveli : « nous avons été enseveli avec lui par le baptême                               dans la mort » (Rm 6,4)

Il est ressuscité : « nous lui serons aussi unis par une résurrection                                 semblable » (Rm 6,5)

Il est vivant : « nous vivrons avec lui » (Rm 6, 8)

Il a été glorifié : « Héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ »  - « afin                         d’être glorifiés-avec (lui) » (Rm 8,17)

 

Ce baptême-là n’est pas seulement un évènement passé, il est à l’origine d’une vie baptismale qui est une course à la résurrection.

 

 

 

Lettre de saint Paul aux Romains : Conduits par l’Esprit

 

I – POUR LIRE

 

Le chapitre 8 de l’épitre aux Romains est un chant de victoire et un chant d’espérance

 

  1. Un chant de victoire parce que l’homme échappe à condamnation, grâce à l’Esprit qui le rend capable de vivre en fils de Dieu, sans qu’il ait plus besoin d’être encadré, menacé, sanctionné par la Loi. Au début (8, 1) retentit un « Mais maintenant », comme il avait déjà retentit en 3, 21 ; mais alors il s’agissait d échapper aux actes personnels de péché ; maintenant il s’agit d’échapper à la condition de faiblesse qui laissait l’homme divisé, asservi, et comme étranger à lui-même : « je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas » (Rm 7, 19). Finie, cette servitude !
  2. Un chant d’espérznce ensuite : « les souffrances du temps présent – de ce temps intermédiaire entre l’appel à la foi et la glorification finale – sont sans proportion avec la gloire à venir » ; cette gloire, l’Esprit l’appelle et l’anticipe au cœur des croyants.

 

Parcours global pour une première lecture :

 

I – Ouverture (8, 1-4) : afranchis par l’Esprit

 

Au cri de détresse de l’homme asservi par le Péché : « Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps voué à la mort » (7, 25), Paul répond en célébrant le grand tournant de l’histoire religieuse de l’humanité que Dieu a réalisé dans le Christ. « Mais maintenant il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » Car ce n’est plus le Péché qui fait la loi en l’homme, mais l’Esprit, et l’Esprit, c’est la justice et la vie. Dans un puissant raccourci, Paul ramasse toute l’histoire du salut :

 

 

  1. jusqu’à maintenant la Loi de Dieu s’était montrée impuissante à arracher l’homme à sa servitude à cause de « la chair » (c’est-à-dire la condition humaine marquée toute entière par la faiblesse physique et morale) ; elle ne faisait que l’enfoncer un peu plus dans la transgression ;
  2. alors Dieu a envoyé son propre Fils dans cette même condition humaine, sans péché, mais non sans la marque des conséquences du péché (appartenance à une humanité pécheresse, violence subie, humiliation, souffrances et mort, tout ce qui en fait une « chair de péché ») ;
  3. en ce Fils, parfaitement obéissant jusqu’à mourir sur une croix, Dieu « a condamné le Péché dans la chair » ; là même où le Péché régnait, il a été vaincu et éliminé ; en son Fils Dieu a fait ce que la Loi était impuissante à faire (non pas punir le péché, mais l’éliminer) ;
  4. et maintenant la visée de justice de la Loi s’accomplit en « nous », les croyants, dont la conduite n’obéit plus à la chair, mais à l’Esprit (que nous recevons du Christ de Pâques)

 

 

 

2 – Argumentation en deux mouvements

 

Premier mouvement (8, 5-17) : la docilité à l’Esprit ne peut que conduire à la vie, à la gloire

 

En deux séquences parallèles (5, 11/12-17), Paul oppose deux logiques, deux dynamiques : celles de la chair et celle de l’Esprit. La logique de la chair est de s’opposer à Dieu, elle est une logique de mort. La dynamique de l’Esprit est de conduire à la vie par la justice.

Et chaque fois (9, 12.15), Paul dit : vous (les croyants), vous n’êtes pas dans la logique de « la chair », mais sous le dynamisme de l’Esprit. Par conséquent vous serez vainqueurs du péché et de la mort, résurrection comprise.

 

 

La seconde conséquence (12-17) va plus loin que la première : Paul ne se contente pas de dire que l’Esprit habite en vous (9,11), mais qu’il vous conduit, et cela est l’apanage des enfants de Dieu (14), ce qui amène à parler de la condition filiale des croyants. Si nous sommes enfants, nous sommes héritiers, héritiers avec le Christ, le Fils premier-né, « s’il est vrai que nous souffrons avec lui pour être glorifiés avec lui » (8, 17). Et cette précision permet d’enchaîner avec la seconde partie de l’argumentation : les souffrances du temps présent ne peuvent absolument pas enrayer le mouvement vers la gloire : elles en sont bien plutôt le chemin.

 

Deuxième mouvement (8, 18-28) : souffrances et gloire ; l’espérance

 

Dans ce 2è mouvement, Paul réfute le doute qui pourrait affecter les croyants devant les épreuves qui les atteignent dans cet entre-deux qui va de Pâques à la révélation finale de la gloire des enfants de Dieu : Il n’y a pas de proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire qui doit se révéler en nous ; pas de proportion ni d’incertitudes. Temps d’épreuve qui est aussi le temps de l’espérance.

 

Le texte est balisé par trois « gémir », à la fois de détresse et d’attente (19-27)

  1. celui de la création en travail d’enfantement (19-22)
  2. celui de nous-mêmes rendus impatients de par les prémices de l’Esprit, qui nous fait attendre la libération totale (23-25)
  3. enfin le “gémir » de l’Esprit lui-même, sa prière au plus intime de nos cœurs, qui nous accorde au dessein de Dieu.

Or ce dessein va immanquablement de la « prédestination » à la « glorification » (28-30).

 

 

 

Péroraison (8-39) : Hymne à l’amour de Dieu

 

Il ne reste plus qu’à célébrer l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Cela ne se fait au moyen de question répétées, qui soulignent le caractère invincible de cet amour.

 

 

 

 

TEXTES DES ECRITURES

 

L’Esprit promis par Dieu pour rendre son peuple capable de vivre fidèle à l’Alliance

 

Ezéchiel (36, 26) : Je vous donnerai cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chaire. (27) Je mettrai en vous mon propre esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes

 

C’est par son Esprit que Dieu conduisait son peuple à travers le désert jusqu’à la Terre Promise :

 

Isaïe (63, 11) : Son peuple alors se rappellera les jours du temps de Moïse : « Où est celui qui fit remonter de la mer le pasteur et son troupeau ? Où est Celui qui mit en lui son Esprit Saint ? (12) Celui qui fit avancer, à la droite de Moïse, son bras resplendissant ? Celui qui fendit les eaux devant eux pour se faire un nom éternel ? (13) Celui qui les fit avzncer dans les abîmes ? Tel un cheval ans le désert ils ne trébuchaient pas, (14) tel du bétail qui descend une combe l’Esprit du SEIGNEUR les menait au repos ». C’est ainsi que tu as conduit ton peuple, pour te faire un nom resplendissant, « Ceux-là qui sont conduits par l’Esprit sont fils de Dieu » Israël conduit par Dieu au désert faisait l’expérience d’être traité comme un fils

 

Deutéronome (8-4) : Ton manteau ne s’est pas usé sur toi, ton pied n’a pas enflé depuis quarante ans, (5) et tu reconnais, à la réflexion, que le SEIGNEUR ton Dieu faisait ton éducation comme un homme fait celle de son fils

 

Osée (11, 1) : Quand Israël était jeune, je l’aimais : depuis l’Egypte j’ai appelé mon fils… C’est moi qui ai guidé les pas d’Ephraïm en le soutenant par les bras.

 

 

Source : Paul Bony  : "Découvrir les Lettres de saint Paul : Pour moi vivre c'est le Christ". Marseille, Année Saint-Paul 2008-2009.

DECOUVIR  L'APÔTRE SAINT PAUL A TRAVERS SES EPITRES
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article