Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
UNE MINUTE... POUR REFLECHIR....

ARTICLES SUR LA BIBLE, LA LITURGIE, LA VIE DE L'EGLISE ET BIEN D'AUTRES CHOSE ENCORE.... http://amzn.to/2AlTFG

ORDINATIO SACERDOTALIS (JEAN-PAUL II)

 

 

 

 

 

LETTRE APOSTOLIQUE ORDINATIO SACERDOTALIS DU PAPE 
JEAN-PAUL II SUR L'ORDINATION SACERDOTALE EXCLUSIVEMENT RÉSERVÉE AUX HOMMES

 

Vénérables Frères dans l'épiscopat,

1. L'ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l'Église catholique depuis l'origine, exclusivement réservée à des hommes. Les Églises d'Orient ont, elles aussi, fidèlement conservé cette tradition.

Lorsque, dans la Communion anglicane, fut soulevée la question de l'ordination des femmes, le Pape Paul VI, fidèle à sa charge de gardien de la Tradition apostolique et désireux de lever un nouvel obstacle placé sur le chemin qui mène à l'unité des chrétiens, rappela à ses frères anglicans la position de l'Église catholique: «Celle-ci tient que l'ordination sacerdotale des femmes ne saurait être acceptée, pour des raisons tout à fait fondamentales. Ces raisons sont notamment: l'exemple, rapporté par la Sainte Écriture, du Christ qui a choisi ses Apôtres uniquement parmi les hommes; la pratique constante de l'Église qui a imité le Christ en ne choisissant que des hommes; et son magistère vivant qui, de manière continue, a soutenu que l'exclusion des femmes du sacerdoce est en accord avec le plan de Dieu sur l'Église»(1).

Mais, la question ayant été débattue même parmi les théologiens et dans certains milieux catholiques, le Pape Paul VI demanda à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi d'exposer et de clarifier la doctrine de l'Église sur ce point. Ce fut l'objet de la Déclaration Inter insigniores, que le Pape lui-même approuva et ordonna de publier(2).

 

2. La Déclaration reprend et développe les fondements de cette doctrine, exposés par Paul VI, et conclut que l'Église «ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l'ordination sacerdotale»(3). À ces raisons fondamentales, le même document ajoute d'autres raisons théologiques qui mettent en lumière la convenance de cette disposition divine et il montre clairement que la pratique suivie par le Christ n'obéissait pas à des motivations sociologiques ou culturelles propres à son temps. Comme le précisa plus tard le Pape Paul VI, «la véritable raison est que le Christ en a disposé ainsi lorsqu'il a donné à l'Église sa constitution fondamentale et l'anthropologie théologique qui a toujours été observée ensuite par la Tradition de cette même Église»(4).

Dans la Lettre apostolique Mulieris dignitatem, j'ai moi-même écrit à ce sujet: «En n'appelant que des hommes à être ses Apôtres, le Christ a agi d'une manière totalement libre et souveraine. Il l'a fait dans la liberté même avec laquelle il a mis en valeur la dignité et la vocation de la femme par tout son comportement, sans se conformer aux usages qui prévalaient ni aux traditions que sanctionnait la législation de son époque»(5).

En effet, les Évangiles et les Actes des Apôtres montrent bien que cet appel s'est fait selon le dessein éternel de Dieu: le Christ a choisi ceux qu'il voulait (cf. Mc 3,13-14; Jn 6,70) et il l'a fait en union avec le Père, «par l'Esprit Saint» (Ac 1,2), après avoir passé la nuit en prière (cf. Lc 6,12). C'est pourquoi, pour l'admission au sacerdoce ministériel(6), l'Église a toujours reconnu comme norme constante la manière d'agir de son Seigneur dans le choix des douze hommes dont il a fait le fondement de son Église (cf. Ap21,14). Et ceux-ci n'ont pas seulement reçu une fonction qui aurait pu ensuite être exercée par n'importe quel membre de l'Église, mais ils ont été spécialement et intimement associés à la mission du Verbe incarné lui-même (cf. Mt 10,1.7-8; 28,16-20; Mc 3,13-16; 16,14-15). Les Apôtres ont fait de même lorsqu'ils ont choisi leurs collaborateurs(7), qui devaient leur succéder dans le ministère(8). Dans ce choix se trouvaient inclus ceux qui, dans le temps de l'Église, continueraient la mission confiée aux Apôtres de représenter le Christ Seigneur et Rédempteur(9).

 

3. D'autre part, le fait que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église, n'ait reçu ni la mission spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la non-admission des femmes à l'ordination sacerdotale ne peut pas signifier qu'elles auraient une dignité moindre ni qu'elles seraient l'objet d'une discrimination; mais c'est l'observance fidèle d'une disposition qu'il faut attribuer à la sagesse du Seigneur de l'univers.

La présence et le rôle de la femme dans la vie et dans la mission de l'Église, bien que non liés au sacerdoce ministériel, demeurent absolument nécessaires et irremplaçables. Comme l'a observé la Déclaration Inter insigniores, «l'Église souhaite que les femmes chrétiennes prennent pleinement conscience de la grandeur de leur mission: leur rôle sera capital aujourd'hui, aussi bien pour le renouvellement et l'humanisation de la société que pour la redécouverte, parmi les croyants, du vrai visage de l'Église»(10). Le Nouveau Testament et l'ensemble de l'histoire de l'Église montre abondamment la présence, dans l'Église, de femmes qui furent de véritables disciples et témoins du Christ, dans leurs familles et dans leurs professions civiles, ainsi que dans la consécration totale au service de Dieu et de l'Évangile. «L'Église, en effet, en défendant la dignité de la femme et sa vocation, a manifesté de la gratitude à celles qui, fidèles à l'Évangile, ont participé en tout temps à la mission apostolique de tout le Peuple de Dieu, et elle les a honorées. Il s'agit de saintes martyres, de vierges, de mères de famille qui ont témoigné de leur foi avec courage et qui, par l'éducation de leurs enfants dans l'esprit de l'Évangile, ont transmis la foi et la tradition de l'Église»(11).

D'autre part, c'est à la sainteté des fidèles que se trouve totalement ordonnée la structure hiérarchique de l'Église. Voilà pourquoi, rappelle la Déclaration Inter insigniores, «le seul charisme supérieur, qui peut et doit être désiré, c'est la charité (cf. 1 Co 12-13). Les plus grands dans le Royaume des Cieux, ce ne sont pas les ministres, mais les saints»(12).

 

4. Bien que la doctrine sur l'ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes ait été conservée par la Tradition constante et universelle de l'Église et qu'elle soit fermement enseignée par le Magistère dans les documents les plus récents, de nos jours, elle est toutefois considérée de différents côtés comme ouverte au débat, ou même on attribue une valeur purement disciplinaire à la position prise par l'Église de ne pas admettre les femmes à l'ordination sacerdotale.

C'est pourquoi, afin qu'il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l'Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères (cf. Lc 22,32), que l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Église.

Priant pour vous, Vénérables Frères, et pour tout le peuple chrétien, afin que vous receviez constamment l'aide divine, j'accorde à tous la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 22 mai 1994, solennité de la Pentecôte, en la seizième année de mon pontificat.


(1) Cf. PAUL VI, Réponse à la lettre de Sa Grâce le Très Révérend Dr Frederick Donald Coggan, Archevêque de Cantorbery, sur le ministère sacerdotal des femmes, 30 novembre 1975: AAS 68 (1976), pp. 599-600: «Your Grace is of course well aware of the Catholic Church's position on this question. She holds that it is not admissible to ordain women to the priesthood, for very fundamental reasons. These reasons include: the example recorded in the Sacred Scriptures of Christ choosing his Apostles only from among men; the constant practice of the Church, which has imitated Christ in choosing only men; and her living teaching authority which has consistently held that the exclusion of women from the priesthood is in accordance with God's plan for his Church» (p. 599).

(2) Cf. CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Inter insigniores sur la question de l'admission des femmes au sacerdoce ministériel, 15 octobre 1976: AAS 69 (1977), pp. 98-116.

(3) Ibid., p. 100.

(4) PAUL VI, Allocution Il ruolo della donna nel disegno di Dio, 30 janvier 1977: Insegnamenti, vol. XV, 1977, p. 111. Cf. aussi JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique Christifideles laici, 30 décembre 1988, n. 51: AAS 81 (1989), pp. 393-521; Catéchisme de l'Église catholique, n. 1577.

(5) Lettre apostolique Mulieris dignitatem, 15 août 1988, n. 26: AAS 80 (1988), p. 1715

(6) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, n. 28; Décret Presbyterorum ordinis, n. 2.

(7) Cf. 1 Tm 3,1-13; 2 Tm 1,6; Tt 1,5-9.

(8) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. 1577.

(9) Cf. Const. dogm. Lumen gentium, nn. 20-21.

(10) CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Inter insigniores, n. 6: AAS 69 (1977), pp. 115-116

(11) Lettre apostolique Mulieris dignitatem, n. 27: AAS 80 (1988), p. 1719

(12) CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Inter insigniores, n. 6: AAS 69 (1977), p. 115

 

Copyright © Libreria Editrice Vaticana

 

 

Le cardinal Ladaria rappelle le caractère « définitif » de la doctrine sur l’ordination des hommes

Nicolas Senèze, à Rome , le 30/05/2018 à 12h12

 

Pour le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi « la différence de fonctions entre l’homme et la femme ne prône en soi aucune subordination ».

 

Le cardinal Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi lors d’un colloque à Rome. / Emanuela De Meo / CPP / CIRIC

Dans un long texte publié mercredi 30 mai par L’Osservatore romano, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, rappelle « le caractère définitif de la doctrine de Ordinatio sacerdotalis », la lettre de Jean-Paul II de 1994 réaffirmant que l’ordination presbytérale est réservée aux hommes.

S’il rappelle que l’Église « ne possède pas la faculté de conférer aux femmes l’ordination sacerdotale », il souligne aussi que cette « décision du Seigneur » n’entraîne « aucune subordination » de la femme à l’homme.

Celui qui sera créé cardinal le 28 juin par le pape François fait part de sa « sérieuse préoccupation de voir encore surgir dans certains pays des voix qui mettent en doute le caractère définitif de cette doctrine ».

 

« On crée une grave confusion parmi les fidèles »

« On argumente qu’elle n’a pas été définie ex cathedra et que, par conséquent, une décision postérieure d’un futur pape ou concile pourrait la renverser, regrette-t-il. En semant ces doutes, on crée une grave confusion parmi les fidèles, non seulement sur le sacrement de l’ordre comme faisant partie de la constitution divine de l’Église, mais aussi sur le magistère ordinaire qui peut enseigner la doctrine catholique de manière infaillible. »

« Il est important de redire que l’infaillibilité ne concerne pas seulement des déclarations solennelles d’un concile ou du souverain pontife lorsqu’il parle ex cathedra, mais aussi l’enseignement ordinaire et universel des évêques dispersés dans le monde, quand ils proposent, en communion entre eux et avec le pape, la doctrine catholique à considérer comme définitive », insiste-t-il.

 

« Aucune subordination »

Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi rappelle donc que « l’Église reconnaît que l’impossibilité d’ordonner des femmes appartient à la “substance du sacrement” de l’ordre » que « l’Église n’a pas la capacité de changer (…) parce que c’est précisément à partir des sacrements, institués par le Christ, qu’elle est générée comme Église ».

« Il ne s’agit pas seulement d’un élément disciplinaire, mais doctrinal, en ce qui concerne la structure des sacrements », insiste-t-il.

Le cardinal-désigné tient néanmoins à souligner que « la différence de fonctions entre l’homme et la femme ne prône en soi aucune subordination, mais un enrichissement mutuel ».

 

Déjà rappelé par François

Et il invite à « approfondir et promouvoir toujours plus le rôle spécifique des femmes dans l’Église » pour « jeter ainsi une lumière sur notre culture, qui peine à comprendre la signification et la bonté de la différence entre l’homme et la femme, laquelle touche aussi leur mission complémentaire dans la société ».

Dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium, le pape François avait réaffirmé que « le sacerdoce réservé aux hommes, comme signe du Christ époux qui se livre dans l’eucharistie » ne souffrait pas de discussion.

 

 « Sur l’ordination des femmes dans l’Église catholique, la dernière parole claire a été donnée par saint Jean-Paul II, et cela demeure », avait-il ajouté lors de sa conférence de presse au retour de son voyage en Suède, le 1er novembre 2016.

 

Journal La Croix , à Rome , le 30/05/2018 à 12h12

 

L’ordination est réservée aux hommes : la mise au point du préfet de la Doctrine de la foi

 

Tribune dans L’Osservatore Romano

MAI 29, 2018 19:12ANNE KURIANROME

 

« Le caractère définitif de la doctrine de Ordinatio sacerdotalis », c’est le titre de la tribune du cardinal désigné Luis Ladaria Ferrer, dans L’Osservatore Romano en italien daté du 30 mai 2018. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi dissipe « quelques doutes » avec une mise au point : l’Eglise « ne possède pas la faculté de conférer aux femmes l’ordination sacerdotale », c’est une « décision du Seigneur » qui n’inclut « aucune subordination » de la femme à l’homme, précise-t-il encore.

 

Dans cette tribune, le préfet rappelle que « les prêtres sont configurés ‘au Christ prêtre, afin de pouvoir agir au nom du Christ, tête de l’Église’ (Presbyterorum ordinis, n.2) » : « Le Christ a voulu conférer ce sacrement aux douze apôtres, tous des hommes qui, à leur tour, l’ont communiqué à d’autres hommes. L’Église s’est reconnue toujours liée à cette décision du Seigneur, qui exclut que le sacerdoce ministériel puisse être validement conféré aux femmes », souligne-t-il. Et de citer la lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis (22 mai 1994) de Jean-Paul II : « afin d’enlever tout doute sur une question de grande importance … l’Église n’a en aucune sorte la faculté de conférer aux femmes l’ordination sacerdotale et … cette sentence doit être gardée de manière définitive par tous les fidèles de l’Église » (n.4). Il s’agit « d’une vérité qui appartient au dépôt de la foi ».

 

Sérieuse préoccupation

Le cardinal désigné, qui sera créé cardinal par le pape François le 28 juin prochain, fait part de sa « sérieuse préoccupation de voir encore surgir dans certains pays des voix qui mettent en doute le caractère définitif de cette doctrine » : « on argumente qu’elle n’a pas été définie ex cathedra et que, par conséquent, une décision postérieure d’un futur pape ou concile pourrait la renverser. En semant ces doutes, on crée une grave confusion parmi les fidèles, non seulement sur le sacrement de l’ordre comme faisant partie de la constitution divine de l’Église, mais aussi sur le magistère ordinaire qui peut enseigner la doctrine catholique de manière infaillible. »

Le préfet rappelle donc que « l’Église reconnaît que l’impossibilité d’ordonner des femmes appartient à la ‘substance du sacrement’ de l’ordre. L’Église n’a pas la capacité de changer cette substance, parce que c’est précisément à partir des sacrements, institués par le Christ, qu’elle est générée comme Église. Il ne s’agit pas seulement d’un élément disciplinaire, mais doctrinal, en ce qui concerne la structure des sacrements… Conscient de ne pas pouvoir modifier, par obéissance au Seigneur, cette tradition, l’Église s’efforce encore d’approfondir sa signification, puisque la volonté de Jésus-Christ, qui est le Logos, n’est jamais privée de sens. Le prêtre, en effet, agit dans la personne du Christ, époux de l’Église, et le fait qu’il soit homme est un élément indispensable de cette représentation sacramentelle ».

Il souligne que « la différence de fonctions entre l’homme et la femme ne prône en soi aucune subordination, mais un enrichissement mutuel », invitant à « approfondir et (à) promouvoir toujours plus le rôle spécifique des femmes dans l’Église » pour « jeter ainsi une lumière sur notre culture, qui peine à comprendre la signification et la bonté de la différence entre l’homme et la femme, laquelle touche aussi leur mission complémentaire dans la société ».

 

Continuité du magistère

Pour le cardinal désigné Ladaria, « les doutes soulevés sur le caractère définitif d’Ordinatio sacerdotalis ont des conséquences graves aussi sur la manière de comprendre le magistère de l’Église ». « Il est important de redire que l’infaillibilité ne concerne pas seulement des déclaration solennelles d’un concile ou du souverain pontife lorsqu’il parle ex cathedra, mais aussi l’enseignement ordinaire et universel des évêques dispersés dans le monde, quand ils proposent, en communion entre eux et avec le pape, la doctrine catholique à considérer comme définitive ».

Dans Ordinatio sacerdotalis, Jean-Paul II « n’a pas déclaré un nouveau dogme mais, avec l’autorité qui lui a été conférée en tant que successeur de Pierre, il a confirmé formellement et a rendu explicite, afin d’enlever tout doute, ce que le magistère ordinaire et universel a considéré tout au long de l’histoire de l’Église comme appartenant au dépôt de la foi ». En outre, il a « examiné la question dans la consultation préalable qu’il a voulu avoir à Rome avec les présidents des conférences épiscopales » et « tous, sans exception, ont déclaré avec une conviction totale, par l’obéissance de l’Église au Seigneur, qu’elle ne possède pas la faculté de conférer aux femmes l’ordination sacerdotale ».

Le préfet met en relief la continuité du magistère avec les successeurs du pape polonais : « Benoît XVI aussi a insisté sur cet enseignement, rappelant, dans la messe chrismale du 5 avril 2012, que Jean-Paul II « a déclaré de manière irrévocable » que l’Église, quant à l’ordination des femmes, « n’a eu aucune autorisation de la part du Seigneur ». Et dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium, le a réaffirmé que « le sacerdoce réservé aux hommes, comme signe du Christ époux qui se livre dans l’eucharistie » ne se met pas en discussion, et il a invité à ne pas interpréter cette doctrine comme une expression du pouvoir, mais d’un service. Dans la conférence de presse, pendant le vol de retour du voyage apostolique en Suède, le 1er novembre 2016, le pape François a redit : « Sur l’ordination des femmes dans l’Église catholique, la dernière parole claire a été donnée par saint Jean-Paul II, et cela demeure. »

 

 

29 mai 2018.

https://fr.zenit.org/articles/lordination-est-reservee-aux-hommes-la-mise-au-point-du-prefet-de-la-doctrine-de-la-foi/

 

 

 

REFLEXION MAGISTERE ET INFAILLIBILITE

SESBOUE Bernard , le 30 mai 2018. (30/11/1995)

 

Le terme d'infaillibilité a été brandi ; agité comme une sorte de chiffon rouge dans les médias, il a engendré bien des confusions et a entretenu de l'Eglise catholique une image qui ne devrait plus être la sienne. Aussi bien le problème se déplace-t-il du motif à propos duquel le mot a été employé à la signification de son emploi.

Je ne parlerai donc pas ici de la question de la non-ordination des femmes au ministère presbytéral, sur laquelle j'ai toujours tenu un langage réservé, estimant, quoi qu'il en soit de la doctrine, que les conditions culturelles d'un changement éventuel de discipline n'étaient pas remplies.

Une chose doit être claire pour tout le monde, et les colonnes de ce journal l'ont bien expliquée : l'infaillibilité pontificale, au sens où elle a été définie à Vatican I, n'est pas ici en cause, puisqu'il ne s'agit pas de l'exercice du magistère extraordinaire, mais d'un appel au « magistère ordinaire et universel » de l'Eglise par des documents qui appartiennent au magistère authentique de l'évêque de Rome.

 

 

 

 

En effet, l'argumentation des deux documents, Ordinatio sacerdotalis l'an dernier et la réponse de la Congrégation pour la doctrine de la foi aujourd'hui, entend reposer sur le consensus universel de l'Eglise dans son interprétation de l'Ecriture et de la tradition à travers les interventions du magistère « ordinaire et universel », expression normale de ce consensus.

Or il n'est pas de coutume d'invoquer le terme d' « infailliblement » à propos de ce qui appartient à la foi sous ce chef, tout simplement parce que la chose va de soi et que ce consensus s'impose à tous. Le déplacement à un contenu de ce terme qualifiant normalement un document risque de créer une confusion. En effet, des documents qui ne sont pas infaillibles portent une affirmation qu'ils qualifient d'infaillible.

 

Or la difficulté troublante, qui envahit la conscience des théologiens les plus responsables et les plus modérés devant cette dernière réponse, vient de ce que _ la discipline n'étant pas en cause _ la chose était en libre débat au plan de la doctrine dans l'Eglise jusqu'à une période très récente.

Il y a vingt ans environ la Commission biblique pontificale estimait que l'Ecriture ne permettait pas de tirer une conclusion ferme sur ce sujet. Si la pratique universelle de l'Eglise n'était contestée par personne, la question demeurait de savoir dans quelle mesure cette pratique véhiculait la conviction formelle d'une impossibilité ou le simple fait que la question ne se posait pas.

 

Parmi les théologiens, la chose était contradictoirement débattue : si Y. Congar optait pour l'impossibilité, J. Daniélou et K. Rahner ne voyaient aucune objection de principe. Mais on sentait le dossier très complexe, les arguments forts dans les deux sens, et personne ne pensait à conclure une question qui ne semblait pas mûre. La déclaration Inter insigniores elle-même (1977), tout en prenant clairement position contre la possibilité de l'ordination des femmes, se gardait prudemment de donner à son enseignement un caractère formellement définitif. L'appel actuel au magistère « ordinaire et universel », exprimant le consensus de toute l'Eglise, renvoie surtout à un long silence et se ramène pour l'époque contemporaine à quelques interventions du magistère authentique des deux derniers papes, dont les évêques semblent avoir été tenus à l'écart.

 

Or voici qu'un pas décisif est brusquement franchi. Le magistère passe à une double affirmation d'un enjeu redoutable : la question appartient à la foi de l'Eglise, ce qui veut dire à la révélation, et elle oblige en conscience les fidèles ; elle est infaillible, ce qui veut dire concrètement irréformable. Elle doit être non seulement tenue (disait Ordinatio sacerdotalis) mais crue (la réponse actuelle).

Cependant, les interrogations posées sur l'argumentation demeurent dans beaucoup d'esprits, et il ne suffit pas pour les apaiser de dire avec le commentaire officieux du Bollettino romain, que les fidèles ne sont tenus qu'à la conclusion, même si l'argumentation ne leur paraît pas contenir des démonstrations logiques contraignantes.

 

Je suis depuis plusieurs années attaché, avec la collaboration de collègues éminents, à la rédaction d'une Histoire des dogmes. Un tel travail donne une familiarité avec les modes d'expression du magistère catholique à travers les âges. Je suis frappé par le souci des conciles de ne recourir à la décision irréformable qu'en cas d'absolue nécessité et avec la plus grande prudence. Même le concile de Trente prenait des décisions pour la défense de la foi sans prétendre enseigner dans bien des cas des données irréformables.

Les conciles entendent toujours s'appuyer sur le consensus antérieur et ne jamais trancher sur les questions légitimement débattues entre écoles théologiques. Tout récemment Vatican II a refusé de promulguer aucune définition solennelle. Il a affirmé des points importants comme la sacramentalité de l'épiscopat sans donner de qualification doctrinale à son affirmation.

D'autre part, il n'y a pas dans l'Eglise catholique de liste exhaustive des points qui appartiennent à la foi en tant que dogmes ; dans la « hiérarchie des vérités », il y a sur le périmètre une frange d'hésitations qu'il est préférable de laisser en l'état.

Or, depuis quelques années, le comportement nouveau du magistère romain semble avant tout préoccupé de ramener à son seul jugement les questions nouvelles et d'en juger rapidement avant qu'un débat ne puisse décanter les données majeures. Il se focalise également sur l'irréformable, quand un enseignement moins définitif semblerait suffisant et serait en tout cas beaucoup mieux reçu.

 

Cette manière forte est-elle un signe de force ? L'appel à l'infaillibilité pour une question nouvelle est un peu la « bombe atomique » dans l'arsenal dogmatique de l'Eglise. C'est une arme redoutable qui risque de devenir un boomerang. Notre monde ne serait-il pas beaucoup plus sensible à un enseignement qui sache convaincre par la valeur des raisons qu'il invoque, par le dialogue qu'il accepte de conduire et par le ton constructif et chaleureux qu'il prend pour témoigner de l'Evangile ?

 

SESBOUE Bernard

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article