9 Mars 2017
Frère François
Julien Green
Paris, Gallimard, 1983. 340 pages.
François d'Assise , né sous le nom de Giovanni di Pietro Bernardone à Assise en Italie (111 ou 1182) est le fondateur de l’ordre des franciscains caractérisé par la prière, la joie, la pavreté et l'évangélisation et son amour de la création. Canonisé dès 1228 par le Pape Grégoire IX et fêté le 4 octobre dans le calendrier liturgique il est l’un des saints les plus populaires dans le monde.
Saint François d'Assise est considéré comme le précurseur du dialogue interreligieux et c'est pourquoi Jean-Paul II choisit la ville d'Assise pour en faire le siège de la journée mondiale de la paix en 1986. Il est aussi populaire dans les milieux écologiques pour son amour de la nature. Le Pape actuel a d’ailleurs pris le nom de François comme signe de son admiration pour le Poverello et pour son message évangélique : pauvreté, espérance et soumission à Dieu.
De nombreuses biographies lui ont été consacrées dès sa mort et il a inspiré nombres d’artistes. Le romancier Julien Green qui avait une grande dévotion envers François lui a d’ailleurs consacré une biographie. Cette biographie nous restitue dans une langue admirable la ville d’Assise à l’époque de François avec son décor, son ambiance de fêtes mais aussi une ville qui est au cœur des luttes politiques entre l’Empereur d’Allemagne et la Papauté.
Mais surtout l’auteur s’attache à son personnage. Il nous dépeint la jeunesse frivole et tumultueuse du jeune François, ses rêves de chevalerie, sa conversion et les conséquences qui en résultèrent. On retient la joie qui a habité toute la vie de François, son amour pour « Dame Pauvreté ». Extrêmement bien documenté (au vu de sa bibliographie), Julien Green nous rapporte les miracles opérés par le saint durant sa vie sans les mettre en doute tellement il fasciné par cette époque. Il note enfin son échec apparent quand le Frère Elie de Cortone organisa cette vie fraternelle dont rêvait François en un ordre religieux bien organisé et bien structuré selon les désirs de Rome
Voici ce que l’auteur confesse à la fin de son ouvrage tellement il fut habité par saint François:
« Je me rends compte que, pendant des jours et des jours, j'ai vécu dans la compagnie merveilleuse de l'homme que j'ai toujours le plus admiré. D'une certaine façon, j'ai senti qu'il se tenait près de moi, fraternel et souriant. Et d'une façon certaine cette compagnie date de bien plus longtemps, de l'enfance, d'avant la conversion au catholicisme : Aux jours lointains de la rue de Passy où nous habitions, j'entendais parfois prononcer son nom avec cette tendresse qui l'accompagne toujours. Ma mère surtout, toute protestante qu'elle fût, lui vouait une affection qui me faisait croire qu'elle l'avait connu. Julien, personnellement, le découvrit grâce à un ouvrage populaire d'Arvède Barine : Je devins fou d'amour pour ce monde merveilleux. Je rêvais de devenir comme François d'Assise, et sans hésiter le choisit pour saint patron à son baptême catholique.
« Mais il y eut la fausse vocation bénédictine, puis la crise religieuse, et François d'Assise s'éloigna, emportant même la médaille que François;Julien, un temps, gardait au cou. Il resurgit, avec le retour à l'Église, quand la Seconde Guerre mondiale me secoua l'âme comme on secoue quelqu'un par l'épaule ».
L’auteur : Julien Green (Julian Hartridge Green) (1900-1998.
Né de parents américains établis en France depuis 1893, il a fait ses études au lycée Janson de Sailly.
En 1917, Julien Green s’engage dans le Service des ambulances américaines, puis en 1918, il est détaché dans l’artillerie française. Démobilisé en mars 1919, il se rend pour la première fois en Amérique en septembre 1919 et achève ses études universitaires à l’Université de Virginie, où il écrit son premier livre en anglais.
De retour à Paris en 1922, il commence à écrire en français et publie son premier ouvrage en 1924 (Pamphlet contre les catholiques de France) sous le pseudonyme Théophile Delaporte. A Baltimore et à New York en 1940, il est mobilisé en 1942, et est à l’OWI la Voix de l’Amérique. Il obtient le Prix Harper pour Memories of happy days en 1942.
Il revient à Paris en 1945. En 1950, il est élu à l’Académie de Bavière, puis à celles de Mayence, de Mannheim et à l’Académie royale de Belgique. En 1951, il reçoit le prix Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre, puis en 1966, le grand prix national des Lettres, en 1970, le grand prix de Littérature de l’Académie française. Il est élu à l’Académie des États-Unis en 1972 et reçoit encore de nombreux prix : Prix des universités alémaniques, Grand prix de littérature de Pologne, Prix Cavour, grand prix de littérature en Italie, Prix du théâtre, Universités de Bologne et de Forli.
Élu à l’Académie française, le 3 juin 1971, au fauteuil de François Mauriac, il est reçu, le 16 novembre 1972, par Pierre Gaxotte. Il se déclare démissionnaire en 1996, mais son fauteuil ne sera remplacé qu’après son décès. Il n'a jamais eu la nationalité française : Georges Pompidou la lui avait proposée en 1972 après son élection à l'Académie, mais il l'a déclinée.
Trois de ses livres ont été adaptés au cinéma : Léviathan en 1962 (dont il écrit lui-même le script), Adrienne Mesurat (1953) et La Dame de pique.
Il est le père adoptif de l'écrivain Éric Jourdan.
Source pour la biographie de Julien Green : site de l’Académie française.