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ARTICLES SUR LA BIBLE, LA LITURGIE, LA VIE DE L'EGLISE ET BIEN D'AUTRES CHOSE ENCORE.... http://amzn.to/2AlTFG

LIVRES DE SAMUEL

LIVRES DE SAMUEL

~~Tous les anciens d'Israël se réunirent et vinrent trouver Samuel à Rama. Ils lui dirent : " Tu es devenu vieux et tes fils ne suivent pas ton exemple. Eh bien! établis-nous un roi pour qu'il nous juge, comme toutes les nations. " (1S 8,4-5)

L'instauration de la monarchie

Les livres de Samuel relatent dans le détail une phase critique de l'histoire d'Israël: le passage de la période des Juges à celle des Rois. Il s'agit d'un véritable bouleversement, entraîné en partie par le passage du semi-nomadisme à la sédentarisation. Bien implanté dans la montagne, Israël a du mal à s'imposer en plaine, notamment face à la menace philistinne. Bien armés (ils maîtrisent avec une certaine longueur d'avance la métallurgie du fer), les Philistins présentent une force unie contre laquelle aucune tribu ne peut lutter isolément. A travers un long processus dont le prophète Samuel va être la cheville ouvrière, Israël va faire le pas décisif vers une forme de pouvoir centralisé capable d'assurer l'unité des tribus autour d'un seul chef: le roi.

Plan et résumé

Le premier livre de Samuel

I- Récits sur la jeunesse de Samuel (1-7)

Le livre commence par un long récit sur la naissance de Samuel. En effet, la (future) mère de Samuel, Anne, est stérile et son mari a du prendre une autre épouse, Peninna, afin de s'assurer une descendance. Une profonde rivalité s'instaure entre les deux épouses et Peninna ne se fait pas faute de rabaisser sa rivale sans enfants. Lors d'un pèlerinage à Silo, Anne demande au Seigneur de lui donner un enfant. En retour, elle le consacrera au Seigneur. Sa prière est exaucée et Anne met au monde Samuel (1). Sa prière d'action de grâce, le cantique d'Anne (2,1-11) formera la base du futur Magnificat de la Vierge Marie.

Le sanctuaire de Silo Vers -1100, le sanctuaire de Silo est le plus important lieu de culte d'Israël. En effet, c'est ce sanctuaire qui abrite alors l'Arche d'alliance. Doté d'un clergé permanent dont Eli est le grand-prêtre, ce temple accueille une grande fête de pèlerinage au moment des vendanges.

Le récit décrit alors les problèmes que rencontre le sanctuaire de Silo. Les fils du grand-prêtre Eli semblent se rendre coupables d'un abus de pouvoir auprès des fidèles. Malgré l'intervention d'un prophète anonyme, Eli est incapable de redresser la situation (2,12-36)

Prend alors place le magnifique récit de l'appel de Samuel (3). Confié très jeune au temple de Silo, c'est en fait Eli qui éduque le jeune garçon. Une nuit, le Seigneur interpelle Samuel, mais l'enfant ne comprend pas ce qui lui arrive. Après bien des difficultés, Eli explique à Samuel comment établir le dialogue avec le Seigneur et Dieu peut ainsi commencer à guider son prophète.

La guerre contre les Philistins prend de l'ampleur. En -1050, une confrontation décisive a lieu à Apheq. Israël est mis en déroute et surtout perd l'Arche d'alliance. En effet, pensant pouvoir l'utiliser comme arme de guerre, les anciens avaient contraint le sanctuaire de Silo à leur confier l'Arche pour effectuer des opérations militaires. La manoeuvre va être un total fiasco. Les Philistins vont tuer les gardiens de l'Arche (les deux fils du prêtre Eli) et ramener l'objet le plus sacré d'Israël pour l'exposer en tant que butin du guerre dans le temple de leur dieu Dagon. (4) Mais si les hommes sont incapables de la protéger, l'Arche prend soin d'elle-même. Les Philistins vont être frappés de toutes sortes de maux et vont finalement se débarrasser de l'Arche et la rendre à Israël. Cependant, le sanctuaire de Silo a été détruit entre-temps, et l'Arche va être provisoirement hébergée à Qiryat-Yéarim (5-6)

Pendant de nombreuses années, Samuel va exercer un pouvoir politique et religieux sur les tribus d'Israël, à la manière des juges. En fait, c'est le dernier juge d'Israël, mais il ajoute à cette fonction la dimension sacerdotale (quelques textes montrent Samuel présidant le culte sacrificiel) et la dimension prophétique. (7)

II- Instauration et rejet de Saül (8-15)

Un problème se pose alors: Samuel devient vieux et incapable de continuer à gouverner le peuple. Par ailleurs, ses fils ne semblent pas avoir hérité de la droiture de leur père et ne sont pas agréés pour prendre sa succession. Le peuple demande alors un roi, afin, dit-il, d'être comme les autres nations. Alors que Samuel expose au peuple les dangers de la monarchie, le peuple préfère retenir les avantages de ce régime politique: avoir un chef de guerre capable de mener au combat une armée permanente dont les effectifs dépasseront ceux d'une seule tribu.(8) Samuel, sur ordre de Dieu, part alors à la recherche du premier roi d'Israël. Il trouve ainsi Saül et lui confère l'onction en secret. Il lui faut ensuite le faire reconnaître comme roi par l'ensemble des tribus, ce qui ne se fait pas sans mal.

Vers -1020, Saül est acclamé comme roi à Miçpa, mais une partie des clans refuse de le reconnaître (9-10) Saül remporte une première victoire contre Amaleq. Cette manifestation de ses capacités militaires semble rallier à lui les indécis ou les hostiles et Samuel procède alors à un "renouvellement" de la royauté, afin de souder le peuple autour du roi. Cet épisode révèle que, dès le début, la royauté de Saül est extrêmement fragile et repose principalement sur l'autorité de Samuel. (11)

Une fois le roi installé, Samuel peut abdiquer. Il renonce à être juge et fait en quelque sorte signer une décharge au peuple afin qu'il reconnaisse que Samuel ne lui a fait aucun tort durant son exercice du pouvoir (12) Alors que Saül est roi, c'est en fait son fils Jonathan qui va mener diverses opérations militaires contre les Philistins. Le roi va, quant à lui, commettre erreur sur erreur. Il va empiéter sur le domaine sacerdotale en procédant lui-même aux sacrifices et surtout il va désobéir au Seigneur en gardant pour lui la meilleure partie du butin alors qu'il offre à Dieu des bêtes malades ou estropiées. Plusieurs récits vont alors monter comment Samuel va destituer Saül de la royauté pour la confier à un autre. Mais, sous la prière de Saül et parce que le pays ne peut pas connaître de vide politique, Samuel accepte de sauvegarder la légitimité de Saül aux yeux du peuple.

A la fin du chapitre 15, le peuple pense toujours que Saül est roi, mais Saül, Samuel savent qu'il n'en n'est rien.

III- La montée en puissance de David (16-31)

Deux traditions présentent le personnage de David. Fils d'un chef de clan de Bethléem appelé Jessé (Cf. le livre de Ruth), David reçoit l'onction royale en secret (16,1-13). Une autre tradition le présente comme chef militaire au service de Saül, capable par ses talents musicaux, d'apaiser les crises de démence du roi (16,14-23) Prend place alors le très célèbre combat de David et de Goliath. Goliath est un chef de guerre philistin dont la taille et la force remplissent d'effroi Israël. Goliath, sûr de l'emporter, décide de régler le sort de la guerre dans un combat singulier. David relève le défi. Lourd et lent, Goliath ne peut contrer les attaques à distance de David (encore un exemple de la victoire de la mobilité et du tir à distance sur le blindage...).

La victoire du jeune guerrier accroît fortement la renommée de David (17) David et Jonathan, le fils de Saül se lient d'amitié. Les succès militaires remportés par David rendent Saül jaloux. Craignant que son officier finisse par l'évincer, il tente de le faire assassiner, mais sans succès (18,1-16) David épouse Mikal, une fille de Saül, et se rapproche donc encore du trône royal (18,17-30). Jonathan tente de réconcilier son père avec David (19,1-7) mais sans succès puisque Saül tente une nouvelle fois d'assassiner David (19,8-10). Devant cette menace, David s'enfuit et trouve refuge chez Samuel (19,11-14). Avec l'aide de Jonathan, il peut quitter la zone de juridiction du roi (20)

Commence alors une longue traque. David commence par fuir chez le prêtre de Nob (21,1-10) puis il s'engage comme mercenaire chez un roi philistin (21,11-16). Pour décourager ceux qui lui prêtent assistance, Saül fait massacrer le prêtre de Nob et son entourage. Seul le prêtre Ebyatar en réchappe et va trouver refuge auprès de David dont il va devenir le conseiller (22). David continue à fuir devant Saül. A plusieurs reprise, David se trouve en position de tuer le roi, mais il renonce à le faire.

Après la mort de Samuel, David reprend sa carrière de mercenaire au service des Philistins (23-27). La guerre reprend entre Israël et les Philistins. Pour connaître l'issue de la bataille, Saül consulte une nécromancienne, crime passible de peine de mort (28). David pourrait se trouver en difficulté en tant que mercenaire des ennemis d'Israël, mais les Philistins ne lui font pas confiance et le renvoient. Ainsi, David ne participera pas à la bataille décisive (29-30). La confrontation des ennemis a lieu vers -1010 à Guelboé. Israël est mis en déroute par les Philistins. Jonathan est tué au combat. Devant l'échec militaire, gravement blessé, le roi Saül préfère se suicider, marquant ainsi le complet échec de la première expérience monarchique en Israël. (31)

Deuxième livre de Samuel

I- L'intronisation de David (1-4)

Après avoir célébré le deuil de Saül (1), David est sacré roi de Juda à Hébron (2,1-4). Mais la royauté de David reste fragile. Il est de la tribu de Juda, contrairement à Saül qui était issu de la tribu d'Ephraïm. Les habitants du Galaad en Transjordanie peinent à reconnaître le nouveau roi qui doit les gagner à sa cause (2,4-7) Le chef de guerre de Saül, Abner, décide de tenter un coup de force. Il établit comme roi de Galaad un fils de Saül, Ishbaal. Abner l'utilise comme paravent et gouverne en réalité pour son propre compte l'ensemble des tribus du nord. Cette coalition attaque David à Gabaôn. David et son chef de guerre Joab remportent la victoire, mais sans emporter un succès décisif et la guerre se poursuit (2,8-32).

David s'installe à Hébron et engendre plusieurs fils (3,2-5). Abner décide d'abandonner Ishbaal et de se rapprocher de David, mais Joab l'assassine avant qu'il ait eu le temps de se rallier (3,6-39). Ishbaal se fait assassiner par deux brigands qui pensent ainsi bien se faire voir de David. Mais David réprouve ce meurtre et fait exécuter les meurtriers (4). La maison de Saül étant presque éteinte (il reste un fils infirme de Jonathan), les habitants des tribus du nord finissent par se rallier à David qui est sacré roi de tout Israël (5,1-5)

II- La gloire de David (5-10)

David commence son règne par une décision politique capitale. Sachant bien que l'accord entre Juda et les tribus du nord reste précaire, il choisit pour capitale une ville "neutre", n'appartenant à aucune tribu. Il prend d'assaut une ville cananéenne jusqu'alors inviolée dont il fait sa capitale: JERUSALEM. (5,2-9) Installé à Jérusalem, David se bâtit un palais et engendre de nouveaux fils. Il remporte coup sur coup des victoires décisives contre les Philistins qui mettent un terme à cette menace (5,10-17). De sa capitale politique, David décide alors d'en faire une capitale religieuse. Pour cela, il commence par transférer l'Arche d'alliance qui était toujours en attente à Qiryat-Yéarim. L'Arche arrive à Jérusalem au cours de grandes festivités (6) Mais il reste encore à fixer l'Arche à Jérusalem. David nourrit le projet de faire construire un temple monumental, mais son prophète conseiller Nathan lui révèle que telle n'est pas la volonté de Dieu. (7).

Au cours d'un célèbre oracle, Nathan prophétise que c'est un descendant de David qui construira le temple et que la royauté sera affermie pour toujours entre les mains de la dynastie davidique. Dans les années qui suivent, David mène une série de guerres contre ses voisins immédiats et remporte de nombreux succès. Désireux de réconcilier tout Israël, il accueille à sa table le dernier survivant de la lignée de Saül, Meribbaal, un fils de Jonathan. (8-10)

III- Les difficultés de la fin du règne de David (11-20)

David n'est pas décrit dans le livre de Samuel comme un roi irréprochable. Victime de passions humaines, il va se comporter tel un criminel. Convoitant Bethsabée, la femme d'un de ses officiers, il va s'arranger pour faire assassiner son époux afin de la prendre pour femme (11). Suite à ce crime, le prophète Nathan dénonce la faute du roi. David se soumet au Seigneur et se reconnaît pécheur.

Le premier enfant de Bethsabée va mourir très jeune et la nouvelle épouse de David va mettre au monde un second fils appelé à un brillant avenir: le jeune Salomon (12) Une autre triste affaire: un des fils de David, Amnon, pris de désir pour une de ses demi-soeurs, Tamar, passe aux actes et la viole! Absalom, le fils aîné de David et frère de Tamar décide de venger sa soeur (ces histoires de parentés compliquées tiennent au fait que les rois de l'ancien Orient possédaient de véritables harems, avec des dizaines d'épouses et donc une foule de fils et filles demi-frères ou soeurs entre eux). Il fait assassiner Amnon et prend la fuite par crainte de la justice de son père (13)

Après quelques temps, Absalom peut revenir à la cour car son père lui fait grâce (14). Mais le jeune prince se révolte contre son père David et tente de prendre le pouvoir (15). David en est réduit à fuir devant son fils, accompagné de quelques fidèles. Absalom règne à Jérusalem et, pour manifester son pouvoir, s'approprie le harem de son père! (16) David ne reste cependant pas inactif. Il possède un agent secret très proche d'Absalom et réussit à attirer le rebelle dans un piège (17). David ne souhaite pas la mort de son fils, mais Joab, son chef de guerre, l'élimine afin d'éviter toute nouvelle révolte. Très éprouvé par cette histoire, David pleure longuement son fils disparu (18). Les habitants de Jérusalem finissent par rappeler David (19).

La fin du règne de David est marquée par une tension entre Juda et les tribus du Nord, ainsi que quelques révoltes sporadiques contre l'autorité du roi (20).

V- Appendices (21-24)

Le livre se termine par diverses listes des officiers de David, la mention d'une famine et l'exécution des descendants de Saül encore en vie. David termine mal son règne en procédant à un recensement du peuple contre la volonté de Dieu.

Histoire de la rédaction

L'histoire rédactionnelle des livres de Samuel est très complexe. On peut la simplifier en dégageant trois phases principales:

La rédaction de type "élide"

C'est la plus ancienne mise par écrit de l'histoire du David et de son accession au pouvoir. On l'attribue souvent à un milieu se réclamant du prêtre Ebyatar, le compagnon et conseiller de David qui a accompagné le futur roi d'Israël au moment où il fuyait devant Saül. Ebyatar est le descendants de la lignée sacerdotale du sanctuaire de Silo dont le grand-prêtre à l'époque de Samuel était Eli (d'où le nom de rédaction "élide"). Cette rédaction a ainsi conservé l'histoire de la jeunesse de Samuel ainsi que les aventures de l'Arche d'alliance.

La rédaction de type "sadocite"

Plus tardive, cette rédaction est attribuée au milieu sacerdotal se réclamant du grand-prêtre Sadoq. Sadoq va être à Salomon ce qu'Ebyatar avait été à David: un prêtre mais aussi un conseiller. Lors de la mort de David, Ebyatar avait soutenu un autre fils de David alors que Sadoq avait pris le parti de Salomon. Une fois Salomon sur le trône, Sadoq a évincé Ebyatar dans ses fonctions sacerdotales. Cette rédaction s'attache à justifier la légitimité de cette passation de pouvoir en rabaissant le sanctuaire de Silo et en jetant le doute sur la qualité du sacerdoce des élides. La figure de Salomon est particulièrement mise en valeur. L'oracle de Nathan (2S 7) est un bon exemple de la rédaction sadocite.

La rédaction deutéronomiste

Comme pour tous ces livres historiques, c'est la rédaction deutéronomiste qui achève le travail et donne au livre sa forme actuelle. Le souci du deutéronomiste est d'expliquer la faillite de la royauté en Israël, faillite sanctionnée par l'exil à Babylone. Aussi cette rédaction insiste sur le caractère négatif de la monarchie. On lui doit les grands discours de Samuel condamnant le projet du peuple. Pour lui, vouloir un roi, c'est rejeter Dieu. Rien de bon ne pourra venir d'un tel projet. Alors que les deux rédactions précédentes vont montrer comment Saül est un mauvais chef de guerre (et donc un mauvais roi), le deutéronomiste va insister sur la défaillance de Saül en tant que fidèle aux ordres du Seigneur.

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